Fabrication durable de protéines de canola au moyen de nouvelles techniques pour les carburants, les aliments pour animaux et les produits alimentaires

La protéine de canola représente une occasion considérablement sous-exploitée pour l’industrie canadienne des protéines végétales. Au cours des prochaines années, la capacité nationale de trituration du canola devrait presque doubler, en grande partie à cause du mouvement nord-américain vers les carburants renouvelables. Bien que le secteur agricole soit enthousiasmé devant la possibilité d’extraire une valeur plus grande de l’huile de canola, une bataille difficile l’attend pour tirer une valeur comparable du tourteau de canola. Actuellement, les emplois du tourteau de canola en dehors de l’alimentation des ruminants sont limités en raison de sa teneur en fibres et de son caractère antinutritionnel. De plus, les importants volumes supplémentaires de tourteau de canola qui s’annoncent au Canada pourraient facilement sursaturer le marché des aliments pour ruminants.

Ainsi, il ne s’agit pas seulement pour le Canada de trouver de nouveaux marchés pour le tourteau de canola; nous devons créer de nouveaux produits à partir de cette ressource.

Un produit prometteur fabriqué à partir du tourteau de canola pourrait naître d’un récent projet financé par Protein Industries Canada, dirigé par AGT Foods et mené avec ses partenaires Federated Cooperatives Limited (FCL) et ulivit. Le projet consiste à étudier de nouvelles méthodes de séparation des protéines afin de créer un concentré protéique (plus de 60 % de protéines) à partir du tourteau de canola. S’appuyant sur l’expertise d’AGT Foods en matière de fractionnement à sec, ce projet vise à fabriquer des concentrés de protéines de canola de manière économique et à grande échelle, tout en ayant une empreinte carbone beaucoup plus faible que les procédés existants d’isolation de protéines.

Si le projet réussit, ce concentré de protéines de canola sera un produit intéressant pour l’industrie de l’alimentation aquatique. En effet, les exploitations aquacoles sont de plus en plus sensibles aux pressions des consommateurs visant à leur faire abandonner la farine de poisson sauvage pour des raisons environnementales, ainsi qu’aux augmentations prohibitives du prix de ce produit. Les producteurs d’aliments pour aquaculture qui utilisent du concentré de protéines de soja du Brésil subissent également une pression croissante pour trouver de nouvelles sources de protéines végétales, étant donné le recul de la forêt tropicale que cause la production des protéines de soja et la nécessité pour ces entreprises de poursuivre leurs objectifs et stratégies en matière de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Le canola étant produit de manière plus durable, il pourrait concurrencer efficacement la protéine de soja brésilienne dans l’alimentation aquatique, en vue d’une meilleure durabilité.

« Depuis la création d’AGT, il y a vingt ans, la durabilité est l’une des composantes essentielles de notre entreprise. Dans la course mondiale aux protéines à laquelle nous assistons, le Canada est une source importante de nouvelles protéines végétales pour l’alimentation humaine et animale, déclare Murad Al-Katib, président et chef de la direction d’AGT Foods. La possibilité de produire un concentré de protéines de canola plus durable à partir des millions de tonnes nettes de tourteau de canola qui se sont ajoutées à la production antérieure dans les Prairies est une occasion historique de création de valeur. Nous sommes ravis de conduire la commercialisation de ces concentrés protéiques pour l’aquaculture et pour d’autres secteurs d’alimentation à valeur ajoutée. »

Cette recherche s’appuie sur l’annonce, en début d’année, de la construction d’un complexe agricole intégré de coproduction de denrées alimentaires, de nourriture pour animaux et d’énergie sur le même site. La pièce maîtresse de ce complexe agricole intégré sera l’usine de FCL, qui produira 15 000 barils par jour de diesel renouvelable fabriqué à partir d’huile de canola et d’autres matières premières telles que les suifs animaux. Pour alimenter cette usine, FCL et AGT ont annoncé un partenariat de coentreprise pour la construction d’une installation de trituration du canola qui fournira environ 1,1 million de tonnes de tourteau de canola chaque année. Si cette recherche soutenue par Protein Industries Canada (PIC) est couronnée de succès, une usine de concentré de protéines de canola viendra probablement compléter le complexe, fournissant des carburants durables et des produits alimentaires sous un même toit.

« Notre complexe agricole intégré représente une occasion non seulement de produire des carburants plus propres, mais aussi de diversifier et d’innover dans l’ensemble de la chaîne de valeur agricole, affirme Heather Ryan, pdg de FCL. La capacité d’utiliser le canola pour une variété d’offres de produits à valeur ajoutée, y compris les protéines, ne fait qu’améliorer la durabilité globale des produits que nous fabriquons et la valeur que nous pouvons offrir à l’Ouest canadien. »

Un concentré de protéines de canola, produit de manière durable à grande échelle, présente également un grand intérêt pour l’alimentation humaine et animale à base de plantes. La perspective d’élaborer un ingrédient local au profil nutritionnel supérieur et à l’impact environnemental moindre a intéressé Laura Gustafson, fondatrice d’ulivit, dont l’entreprise teste actuellement des formulations pilotes avec le produit prototype.

« La durabilité est un ingrédient essentiel pour ulivit. La possibilité de préparer de délicieux aliments à base de plantes à partir de protéines de canola durables, à haute teneur protéique et provenant des Prairies, change complètement la donne. Cela complète notre palette de produits respectueux de l’environnement qui sont fabriqués avec des emballages renouvelables et recyclés afin d’avoir une empreinte minimale sur la planète », explique Laura Gustafson.

Si la recherche est fructueuse et que cette vision se concrétise, cela ouvrira de nouvelles avenues pour les produits à base de protéines de canola et permettra de développer davantage le secteur à 25 milliards de dollars de production envisagé par PIC d’ici 2035.