Investir dans la transformation alimentaire au Canada pour sécuriser notre chaîne d’approvisionnement
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Au cours des deux dernières années seulement, la chaîne d’approvisionnement alimentaire canadienne a connu davantage de perturbations que durant les décennies précédentes, d’abord avec la pandémie de COVID-19 et maintenant avec les inondations en Colombie-Britannique.
Ces deux événements tragiques sont de natures très différentes. Cependant, tous deux ont eu le même impact sur notre chaîne d’approvisionnement alimentaire, mettant à nu sa fragilité et laissant les consommateurs du pays devant des rayons d’épicerie vides.
Bien que le Canada se classe parmi les plus grands producteurs d’aliments de la planète – il est le cinquième exportateur alimentaire mondial –, nous sommes beaucoup trop dépendants des importations alimentaires. En 1992, le Canada importait 15 % des aliments sur la valeur alimentaire totale du pays. En 2020, ce chiffre est passé à 31 %.
La semaine dernière, de nombreuses raisons ont été mises en exergue pour expliquer pourquoi notre chaîne d’approvisionnement est sujette à des perturbations, notamment les problèmes de transport – notre dépendance à l’égard des transports routier, ferroviaire et maritime –, les effets du changement climatique, la disparition de la production locale, la pénurie de main-d’œuvre, etc.
À mesure que chacun des problèmes a été abordé, les solutions possibles l’ont été aussi : augmenter la production locale, envisager des formes de production nouvelles et différentes, comme les serres et la culture verticale, adopter des pratiques agricoles régénératrices, etc.
Bien que toutes ces solutions fassent partie d’une solution potentielle, aucune ne peut à elle seule garantir un approvisionnement continu en aliments sains et diversifiés pour les Canadiennes et les Canadiens.
Le secteur agroalimentaire canadien est un élément important de notre économie et, au fil des ans, de nombreux progrès ont été réalisés pour améliorer la quantité et la qualité de nos cultures, des avancées dans la génétique des semences aux pratiques de production améliorées. Cependant, à travers l’histoire, un domaine demeure souvent négligé et sous-financé au Canada : la production d’ingrédients et la transformation à valeur ajoutée.
Cela nous ramène à la question que j’ai amorcée au début de cet article : comment un pays qui a une production si abondante peut-il être aussi dépendant des importations alimentaires ?
Certes, notre climat nordique fournit une partie de l’explication. Mais un facteur important réside dans le fait que nous n’avons pas la capacité de transformer nos cultures de haute qualité en ingrédients et en produits alimentaires en quantité suffisante. Trop souvent, nous expédions des produits de base sous forme de grain en vrac, pour ensuite réimporter des ingrédients ou des produits alimentaires transformés.
Les problèmes qu’engendre cette approche sont évidents : kilomètres-aliments, émissions supplémentaires liées au transport, dépendance à l’égard du système de transport mondial, vulnérabilité aux perturbations commerciales, etc.
Alors, pourquoi maintenons-nous ce système ?
La réponse est complexe. Le Canada excelle dans la culture et l’expédition de matières premières, c’est ce qui explique en grande partie sa réussite. D’autres pays, comme la Chine, ont démontré dans l’histoire leur capacité à transformer les produits à moindre coût. À défaut de se tourner vers cette solution, il est nécessaire d’investir massivement dans les infrastructures pour soutenir une transformation plus importante.
Telles sont les raisons généralement évoquées. Et elles sont toutes légitimes.
Mais si nous voulons vraiment assurer une chaîne d’approvisionnement alimentaire sûre pour le Canada, nous devons investir dans notre capacité de transformation alimentaire et d’ingrédients à valeur ajoutée. Cette solution doit être envisagée lors des discussions sur l’avenir du secteur agroalimentaire canadien et de nos systèmes alimentaires. Tous ces défis peuvent être relevés. Et lorsque nous y parviendrons, le Canada profitera d’une multitude d’avantages.
Protein Industries Canada a récemment effectué des recherches pour mieux comprendre l’opportunité d’une intensification de la transformation des ingrédients et la production alimentaire au Canada, et cette opportunité s’avère considérable.
Nous croyons que d’ici 2035, le Canada a le potentiel de devenir le fournisseur de 10 % de l’ensemble des ingrédients d’origine végétale produits dans le monde. Cette projection se traduit par une contribution de 25 milliards de dollars à notre PIB et par la création d’emplois pour plus de 17 000 personnes.
Plus important encore, ce virage contribuera à assurer aux Canadiens et aux Canadiennes d’un océan à l’autre un accès sûr à la nourriture. En augmentant notre capacité de transformation des ingrédients et des aliments, nous transformerons ce que nous cultivons, réduisant ainsi en grande partie notre dépendance aux ressources extérieures.
Un tel changement de cap contribuera également à rendre la production alimentaire plus durable, puisque nous éliminerons des milliers de kilomètres-aliments et de tonnes d’émissions liées au transport. Et nous pourrons également vendre des produits d’une valeur plus élevée.
Protein Industries Canada et ses membres se sont engagés à développer l’écosystème canadien des aliments, de la nourriture pour animaux et des ingrédients d’origine végétale. Au cours des trois dernières années, nous avons investi plus de 450 millions de dollars dans la croissance de la capacité de transformation intérieure du Canada. Cela a permis de soutenir le développement de nouveaux produits, d’attirer et de former des employés, de développer des centres d’excellence et, surtout, de créer une grappe d’entreprises partageant la même vision, allant des entreprises en démarrage aux PME en passant par les multinationales. Ensemble, nous créons un cycle d’innovation et nous positionnons le Canada en tant que pôle d’attraction pour les investissements et les partenariats.
C’est maintenant qu’il faut saisir cette occasion. Nous devons poursuivre sur notre lancée actuelle.