De nouvelles cultures contribuent à sécuriser la chaîne d’approvisionnement alimentaire du Canada
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Quand on pense à la sécurité de la chaîne d’approvisionnement alimentaire du Canada, on se représente souvent les aliments et les boissons prêts à consommer qui se retrouvent sur les rayons des épiceries du pays. Or, le travail de mise en place d’une source alimentaire nationale solide et durable débute bien plus tôt, au stade du développement des cultures.

« Compte tenu de la tendance continue à la croissance en matière d’aliments d’origine végétale, il est important de poursuivre la recherche de nouvelles cultures protéiques et de trouver des moyens de maximiser leur utilisation pour aboutir à un écosystème des produits d’origine végétale qui soit zéro déchet, déclare le pdg de Lupin Platform Inc., Tristan Choi. Chaque fois que le choix de cultures à haute teneur protéique à cultiver et à transformer au Canada s’élargit, c’est positif. Les entreprises de transformation internationales reconnaissent maintenant les nombreux avantages d’un emplacement à proximité de la source du produit brut comparativement à l’importation de graines entières, et elles mettent en place des infrastructures au Canada. »
Lupin Platform partage avec PURIS, Lumi Foods et Hensall Co-op un projet en cours faisant l’objet d’un co-investissement de Protein Industries Canada, lequel vise l’augmentation de la production et de la transformation du lupin pour la fabrication d’ingrédients et d’aliments de grande valeur au pays. Le lupin s’avère une culture prometteuse pour le secteur des produits d’origine végétale grâce à ses caractéristiques de fixation de l’azote, à sa teneur élevée en protéines et en fibres alimentaires, et à sa résistance à l’aphanomyces, une maladie dévastatrice causant la pourriture des racines qui est courante chez d’autres types de légumineuses comme les pois et les lentilles.
Jusqu’à présent, explique Tristan Choi, la farine de lupin et l’isolat de protéines de lupin se sont avérés particulièrement fonctionnels dans les produits de boulangerie et les pâtes cétoniques pour ceux et celles qui recherchent un régime riche en protéines et faible en glucides ou des solutions de remplacement aux produits laitiers et aux œufs. L’entrepreneur espère que l’équipe de la plateforme Lupin poussera plus loin ses activités portant sur les utilisations fonctionnelles de cette plante en poursuivant ses recherches sur cette culture.
« Sur le plan de la recherche, nous avons constaté de la part de la communauté agricole un degré élevé de coopération et une forte volonté de travailler sur le lupin, que ce soit dans le domaine de la sélection, de l’agronomie ou de la transformation à valeur ajoutée; mais comme il s’agit d’une culture nouvelle au Canada, il y a encore très peu d’expertise, ajoute l’entrepreneur. La collaboration entre les producteurs de semences commerciales, les producteurs d’ingrédients, les centres alimentaires et les cuisines-laboratoires est indispensable pour produire des cultures à haut rendement vouées à des ingrédients spécifiques et éliminer les facteurs antinutritionnels et les saveurs indésirables au cours de la transformation, dans le cadre d’un cycle écologique complet ne produisant pas de déchets. »
Ce type de collaboration a également contribué de manière importante au développement d’autres nouvelles cultures dans le secteur. À titre d’exemple, bien que le chanvre ne soit pas aussi nouveau au Canada que le lupin, la superficie cultivée de cette plante ainsi que son utilisation dans le secteur des produits d’origine végétale ne font que croître, en grande partie grâce aux efforts déployés pour améliorer sa fonctionnalité en tant qu’ingrédient protéique.

« Le canola, le blé et d’autres cultures, [leur teneur en protéines] a été compromise parce que le facteur désiré, à l’époque, c’était la production d’huile et d’amidon, et aussi la recherche du rendement, explique Masood Rizvi, directeur général de NRGene. L’augmentation du portefeuille actuel de cette culture fournira des sources végétales diversifiées aux agriculteurs et également aux transformateurs. »
Comme la plateforme Lupin, NRGene fait partie d’un consortium de partenaires qui cherchent à augmenter la fonctionnalité du chanvre en tant qu’ingrédient dans la fabrication d’aliments à base de plantes. Appuyée par un co-investissement de Protein Industries Canada, la société collabore avec Farmer’s Business Network Canada, Pulse Genetics et Manitoba Harvest en vue d’accroître la teneur en protéines et d’améliorer la teneur en amidon et la texture du chanvre et des pois en tant qu’ingrédients, dans le but d’accroître leur utilisation dans la chaîne de valeur des aliments d’origine végétale.
Masood Rizvi s’attend à ce que cela entraîne des avantages pour l’ensemble de la chaîne de valeur, des agriculteurs aux fabricants de produits alimentaires.
« Cela aboutira à une variété améliorée, cultivée et transformée au Canada, qui nous permettra d’offrir un meilleur produit de substitution à la viande, affirme-t-il. Ainsi, le chanvre industriel pourrait devenir une culture de rotation dans l’avenir. Cela fait partie de nos objectifs, à savoir permettre un plus grand choix de cultures aux agriculteurs. »
Bien que de nombreux progrès aient été accomplis dans l’amélioration de la fonctionnalité du chanvre et du lupin, Masood Rizvi et Tristan Choi conviennent qu’il y a encore beaucoup à faire pour tirer pleinement parti des cultures à haute teneur en protéines au pays. Il s’agit notamment de mettre en place l’infrastructure et les programmes appropriés pour appuyer les recherches adéquates, mais aussi d’innover sur le plan technologique pour atteindre les objectifs climatiques du pays et repérer des cultures potentiellement sous-utilisées dans le secteur des produits d’origine végétale.
« Nous avons tellement d’autres possibilités! s’exclame Rizvi. Par exemple, une culture qui pourrait être très précieuse pour le Canada, c’est le quinoa. Or, bien qu’il soit tolérant à la sécheresse et exige peu d’eau, il est fortement sous-utilisé. »
Une fois pleinement mises à profit, ces nouvelles cultures – du lupin au chanvre, en passant par toute nouveauté qui pourrait apparaître – pourront contribuer à l’atteinte des objectifs du Canada, notamment celui de répondre à la demande mondiale croissante de protéines tout en réduisant les émissions nettes zéro de notre secteur.
« Il est important que nous appliquions le traitement zéro déchet à ces nouvelles cultures canadiennes afin de réduire le gaspillage alimentaire et les retombées environnementales négatives, insiste Tristan Choi. Il faut que les transformateurs de protéines végétales continuent à trouver de nouvelles utilisations pour les sous-produits de la transformation des protéines, l’amidon, les fibres, l’huile, notamment, et à intégrer le traitement des eaux usées pour permettre leur réutilisation. »